Les chefs fédéraux débattent de pouvoirs accrus en matière d’immigration pour le Québec
Dans leur dernier débat avant les élections fédérales du 21 octobre, jeudi soir, les six chefs des principaux partis politiques du Canada se sont affrontés au sujet de l’immigration au Québec et de l’afflux de milliers de réfugiés à sa frontière avec les États-Unis.
Tous les dirigeants ont été interrogés au cours du débat en français sur leur position quant à l’idée de donner au Québec plus de pouvoirs en matière d’immigration qu’il n’en a déjà en vertu de son entente unique avec le gouvernement fédéral du Canada.
Contrairement aux autres provinces canadiennes, le Québec a le pouvoir de sélectionner tous les immigrants de la catégorie économique dans la province et de fixer les seuils d’immigration dans la province.
La Coalition Avenir Québec (CAQ) de la province, dirigée par le premier ministre François Legault, est arrivée au pouvoir en octobre 2018 avec comme objectif de réduire temporairement le nombre d’immigrants admis au Québec et de leur faire subir un test de valeurs et de compétences en français. La CAQ a déclaré que ces mesures étaient nécessaires pour assurer une meilleure intégration des immigrants dans la société québécoise.
Depuis, M. Legault a fait pression sur le gouvernement fédéral du Canada pour qu’il accorde également au Québec un plus grand contrôle sur l’admission des personnes des catégories du regroupement familial et des réfugiés dans la province.
Les six dirigeants se sont tous dits ouverts à discuter avec M. Legault, mais ils n’étaient pas tous prêts à s’engager en faveur d’une plus grande autonomie du Québec en matière d’immigration.
Alors que le chef de la CAQ est resté en marge de la campagne électorale fédérale en cours, il tout de même fait savoir qu’il espérait que chaque parti accepterait ses demandes en matière d’immigration.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2015, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré que son gouvernement libéral s’est efforcé d’accorder au Québec un plus grand contrôle sur l’immigration et s’est prononcé en faveur de l’octroi de pouvoirs supplémentaires à cette province. M. Trudeau a reconnu les droits du Québec en matière d’immigration et a déclaré qu’ils sont nécessaires pour protéger l’identité et la langue françaises qui lui sont uniques.
Il a ajouté qu’il était à l’aise avec l’introduction par le Québec d’un test de valeurs pour les immigrants, une position qu’il n’avait pas exprimée jusque-là. Il a par la suite précisé qu’un tel test ne s’appliquerait qu’à la sélection d’immigrants par le Québec et non pour la citoyenneté canadienne.
Pour sa part, le principal rival de Trudeau, le chef du Parti conservateur Andrew Scheer, s’est dit prêt à travailler avec M. Legault pour donner plus d’autonomie au Québec en matière d’immigration.
Interrogé sur les niveaux d’immigration au Québec, M. Scheer s’est dit davantage préoccupé par la pénurie de main-d’œuvre à laquelle sont confrontés les employeurs québécois. Les groupes d’affaires de la province ont critiqué la décision de la CAQ de réduire l’immigration à un moment où les employeurs sont en manque de travailleurs, surtout dans les régions de la province.
« J’ai fait une grande tournée du Québec, à l’écoute des Québécois et dans chaque endroit, j’ai entendu la même chose, et c’est qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre », a-t-il dit.
L’engagement de Scheer à travailler avec Legault a été remis en question par Maxime Bernier, chef du nouveau Parti populaire d’extrême droite du Canada, qui est en concurrence avec les conservateurs pour les votes au Québec.
Bernier a affirmé qu’il était le seul chef qui était tout à fait prêt à accéder aux exigences de Legault en matière d’immigration, qui font écho à l’engagement du PPC de réduire l’immigration afin que le Canada puisse assurer une meilleure intégration des immigrants et promouvoir les immigrants économiques plutôt que les réfugiés.
« M. Scheer veut de plus en plus d’immigrants », a déclaré M. Bernier.
« M. Scheer n’est pas d’accord avec M. Legault qui veut avoir des entrevues avec chaque immigrant et s’assurer qu’ils passent des tests de valeurs. »
Les demandeurs d’asile
Bernier a également critiqué le plan de M. Scheer visant à arrêter l’afflux de demandeurs du statut de réfugié à un poste frontalier non autorisé le long de la frontière entre le Québec et les États-Unis, le chemin Roxham, où des milliers de personnes, pour la plupart des non-Américains, sont entrées au Canada et ont demandé asile.
L’Entente sur les tiers pays sûrs (ETPS) conclue entre le Canada et les États-Unis limite le nombre de personnes qui peuvent demander l’asile aux postes frontaliers terrestres officiels entre les deux pays, mais ne s’étend pas aux points d’entrée non officiels comme celui du chemin Roxham.
Scheer a proposé d’étendre l’ETPS afin qu’elle couvre à la fois les points d’entrée officiels et non officiels au Canada. Pour ce faire, cependant, il faudrait renégocier l’accord avec les États-Unis, et beaucoup pensent que ces derniers n’accepteront pas de le modifier.
La chef du Parti vert du Canada, Elizabeth May, a critiqué la décision du gouvernement Trudeau de faire adopter un projet de loi budgétaire omnibus de près de 400 pages qui supprimait le droit de demander l’asile au Canada si une personne avait déjà présenté une demande aux États-Unis.
« Vous avez caché une loi dans un budget omnibus — quelque chose que vous avez dit que vous ne feriez jamais — qui viole les droits des réfugiés, qui annule les droits des personnes qui cherchent à vivre en sécurité au Canada, a-t-elle dit.
Trudeau a défendu la loi, qui a été largement condamnée par les défenseurs des droits de la personne et des droits des réfugiés, affirmant que les Canadiens veulent un système d’immigration » fort et équitable, qui s’applique à tous ».
« Nous suivons toutes les normes et nous sommes un chef de file international en matière de protection des droits de la personne », a déclaré M. Trudeau.
Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a déclaré qu’il suspendrait l’Entente sur les tiers pays sûrs s’il était élu et a laissé entendre que M. Trudeau n’avait pas eu le courage de tenir tête au président américain Donald Trump et de faire de même.
Trudeau a déclaré que le maintien de bonnes relations avec les États-Unis est essentiel et que cela a permis au Canada de renégocier avec succès l’Accord de libre-échange nord-américain avec les États-Unis, et ce malgré les orientations protectionnistes du gouvernement Trump.
Trudeau a reconnu que le flux de demandeurs d’asile à Roxham Road était « un problème », mais il a déclaré qu’il était important de garder à l’esprit le fait que 65 millions de personnes dans le monde ont été déplacées et ont besoin de sécurité.
« Nous reconnaissons que nous avons la responsabilité de faire passer ces personnes dans notre système tout en assurant son intégrité, et c’est ce que nous faisons. »
« Il n’y a pas de passage libre à la frontière », a-t-il ajouté.
«Toute personne qui franchit la frontière, par des moyens réguliers ou irréguliers, est soumise à des contrôles de sécurité, à toutes les étapes nécessaires de notre système d’immigration. »
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